La petite histoire :
Créée en 1910, Élisabethville, actuelle Lubumbashi, avait obtenu le statut de ville en 1941 en même temps que Léopoldville (Kinshasa) et Jadotville (Likasi). Son découpage résulte du Décret du 17.10.1957qui réorganisait la ville. Celle-ci comprenais désormais cinq communes autonomes : les quartiers européens devinaient
la Commune Élisabethville et le centre extra coutumier faisait place aux quatre petites communes (Albert, Kenya, Katuba, Rwashi).
Une zone annexe rurale incluait le reste du territoire. Cette situation a duré jusqu’à huit ans après l’indépendance, au moment où l’ordonnance loi du 20-01-1968 remplaçais (dans les mêmes limites géographiques) la ville par une sous région Kamalondo, et Elisabethville, Lubumbashi. Toutes ces entités perdaient leur personnalité juridique.
En Avril 1971, la zone Lubumbashi, trop vaste fut scindée en deux. Une partie devenait ainsi la zone Kampemba.
Situation actuelle
S’il est relativement aisé, à partir des plans et des écrits de l’époque coloniale, de reconstituer l’évolution passée de la ville et de son découpage administratif, nous n’avons accédé à aucune étude récente publiée sur les aspectes actuels de la question.
Pour assouvir la curiosité de nos lecteurs, nous avons recueilli quelques données à l’hôtel de ville et auprès de certains anciens. A quoi, nous avons ajouté les renseignements tirés de l’Allas de Lubumbashi, édité par le Centre d’Études géographiques sur l’Afrique noire, en 1989.
Nous avons retenus les éléments ci-après :
1. La ville dans son état actuel, est le fruit de la loi du 25.02.1982 qui s’inscrit dans la politique de la décentralisation initiée par le Professeur VUNDWAWE TE PEMAKO. Elle recouvre sa personnalité juridique lui ôtée en 1968 mais garde toujours ses sept communes (la septième est en réalité une zone annexe à caractère rural).
2. Elle compte à cette date 41 quartiers, 246 cellules et 1368 rues et avenues.
En 1997, après la prise du pouvoir par l’AFDL, le Zaïre redevient République Démocratique du Congo et nous reprenons les appellations de communes. Politiquement, depuis 1998, les CPP( Comités des pouvoirs populaires) consacrent la notion de Démocratie populaire traduite par le Gouvernement à la base. D’où, avait-on 7 gouvernements communaux, autant de gouvernements qu’il y avait des quartiers, des cellules, des rues et des avenues.
- Lubumbashi est une ville éclatée : son contenu sociologique s’est modifié avec l’éradication de la ségrégation sociale entre ville et cité. Une explosion démographique sous l’influence du Croît naturel, du solde migratoire généré par les événements politiques de 1991 – 1992 conflit Katangais-Kasaïens) et de deux guerres, celles de libération d’abord, celle d’agression ensuite. Ainsi, le profil de la ville est largement affecté entre 1990 et ce jour par la croissance de la population.
En revanche, les « lushois » en surnombre dans de vieilles cités se sont dispersés dans certains noyaux périphériques d’autro-construction : Kigoma, Quartier Congo, Luapula, Tabacongo et les extensions de
la Taba : Par bourgeonnement de la ville, on a assisté à la naissance des quartiers Golf, Lido, Bel-Air, Kilobelobe et Kalubwe. Les quartiers Mpolo et changalele sont nés du Remplissage d’espaces intérieurs mal protégés.
Derrière les quartiers populaires, on a vu naître des extensions telles que Gbadolite, Labo, Kinkalabwamba, Tchansansa, Penga penga…
Ville plus qu’éclatée que ni l’activité économique ni la démographie ne soutiennent plus. Premier indice de la crise : « partout prévaut un modèle socioculturel de la famille nombreuse, dont la dimension considérée comme idéale à Lubumbashi et de l’ordre de huit personnes ».
La ville présente aujourd’hui certaines catégories socio professionnel qui constituent sa population active :
1° les cadres moyens et supérieures exerçant une fonction de direction dans les entreprises privées ou para-étatiques. (On y adjoint les agents de l’Etat à partir du Chef de Bureau et des enseignants : Assistants).
2° les travailleurs qualifiés et employés. C’est notamment le salarié manuel dont le poste exige une technicité et les salariés subalternes du tertiaire.
3° Les ouvriers peu ou pas qualifiés (dans l’entreprise industriel oui dans l’atelier artisanal)
4° les indépendants du commerce et de l’artisanat. Ce sont des propriétaires de leur établissement qui travaillent pour leur propre compte.
Les trafiquants peuvent être retenus dans cette catégorie.
5° les militaires considérés comme les hommes de troupes, les sous-officiers logés dans ce qu’il reste de casernes, les policiers. Les agents de servie de gardiennage y compris.
6° Les agriculteurs et charbonniers qui pratiquent leur métier aux alentours de la ville (sont exclus les agriculteurs d’appoint intra-parcellaire.
7° les micros commerçants et micro artisans qui se distinguent par l’absence d’un local véritable, un équipement réduit au minimum, une grande diffusion spatiale : Etales des marchés, étalages et ateliers flottants, commissionnaires, colporteurs et artisans ambulants.
8° Les prostituées, les domestiques.
Les catégories socioprofessionnelles traduisent l’image de l’espace urbain dans une conjoncture de désastre économique qui affecte la ville depuis une décennie et demie.
Initialement industrielle et minière, la ville a conservé cette vocation jusqu’à ce jour. Avec l’Union Minière, il y a eu implantation d’un ensemble manufacturier très diversifié. On dénombre actuellement plusieurs établissements industriels ou assimilés dont les branches d’activités industrielles sont la métallurgie de base, la métallurgie de transformation, l’industrie alimentaire, les industries de transformation, les bâtiments et travaux publics, le transport, la production et distribution d’eau et d’électricité. Le textile a disparu à Lubumbashi.
Ces entreprises peuvent être réparties en trois espaces ci-dessous :
L’aire d’activité de
la Gécamines : quartier de l’industrie lourde occupant 130 hectares dans la vallée de la rivière Lubumbashi. Elle rassemble les emplois industriels de
la GCM et de la nouvelle usine STL inaugurée le 30.11.2000.
Le Quartier industriel Sud, constitué à partir de 1925, compte des entreprises dont : Amato, Tabacongo – VAP – EXACO, Bralima qui occupe les anciennes structures de
la SINTEXKIN.
Le quartier industriel nord, la plus vaste avec 350 hectares environ. Loti en tranches successives entre 1920 et 1945, il regorge plus d’usines que les autres espaces précédents. On y trouve des usines de toutes les tâches et procèdent de diverses branches d’industrie :
la SNCC, la brassimba,
la Fondaf,
la Safricas, l’Afrima,
la Sometole, l’Entreprise Forrest,
la Chemaf…
Lubumbashi, Ville Province ?
Ça se chuchote. Et en dépit, du fait que l’Assemblée provinciale est en vacances, la rumeur persiste. Une certaine opinion katangaise serait tentée de proposer l’intention et de la porter au faîte de l’Etat congolais. Tel que décrit ci-dessus, la ville se prêterait-elle à avoir le statut de province ? Pourquoi certains Katangais s’assignent-t-ils cet objectif ?
L’avenir est rarement clair dit-on. Mais lointaine est toujours la portée des décisions. Il y a dans l’intention – à choisir entre plusieurs actions possibles car, là-même où le futur permet de s’appuyer sur un haut niveau de probabilité, subsiste généralement une certaine obligation de prévoir :
Ce qu’il adviendra à l’article 2 de la constitution de mars 2006.
Le corollaire direct sur l’ensemble de cette loi cadre (abrogée ? Amendée ? Révisée, conformément à l’art 218).
Quel député et sénateur devront « valider » le projet de la création des nouvelles communes dans la ville telle qu’annoncée par DIKANGA KAZADI, actuel Ministre de l’Intérieur de la province du Katanga en passe de découpage.
Jacques Vallon KABULO
J. Le Fédéral